Ainsi parla le poète...
Une fois de plus, me voilà penchée sur la table, tentant de déceler, dans l’amas de déchirures et de plaies, l’éclat de beauté qui nous pousse.
Une fois de plus, debout sur le parapet, j’essaie de crever l’épais brouillard, de faire percer au jour, malgré la nuit des longs couteaux, la fleur délicate.
Une fois de plus, bien que mes ongles soient rongés, bien que la fatigue pointe, je m’échine à m’enrager, retrouvant, dans les yeux d’un enfant de deux ans, la fragilité de l’existence.
Les malheurs nous viennent en cohortes, clouant nos viscères ; démembrant sans s’encombrer nos fétus d’espérances ; s’ingéniant à poursuivre, jusque dans le sommeil, nos désillusions.
Nous soliloquons, perclus, sans ligne à atteindre ; sans trouver, sous nos pas, la terre vierge où s’affranchir.
Nos peaux s’agglutinent et se frôlent mais la solitude nous engonce, nous tire vers le renoncement et nous soumet à nos habitudes.
Le temps où nous rêvions haut, où les citadelles n’étaient pas hantées par les spectres de nos désolations, ce temps-là est encore à portée de mains si l’on consent, presque sans désespoir, à naître pour mourir.
Car malgré cette amertume, le ventre de nos femmes continue de s’arrondir et la vie, bouillonnante et désordonnée, fourmille.
Qui peut alors dire : « Cela ne m’appartient pas. » ?
Sans présumer de l’entaille, il nous faut manier l’aiguillon sans relâche, titillant au cœur de notre genre l’espoir fainéant. Ah ! Oui ! Vraiment ! Tendre nos nerfs à déceler, dans l’amas de déchirures et de plaies, l’éclat de beauté qui nous pousse !
» Téléchargement libre « Le bateau ivre » O.P.A. Live Studio Barbey (2008)
Fil Info » O.P.A.