Depuis Bastamag, le 20 mai 2013
Au Canada, les Premières nations sonnent la révolte sociale et écologiste
Par Emmanuelle Walter
« L’inertie, c’est fini ! ». Tel est le slogan qui marque le réveil des Premières nations canadiennes. Frappés par de graves inégalités et discriminations, menacés par la folie extractive de l’industrie pétrolière et minière, ignorés du gouvernement ultra-conservateur, peuples autochtones, métis et inuits du Canada sonnent la révolte sociale et écologique.
Mené par des femmes, leur mouvement multiforme, Idle No More, s’étend des lointaines plaines glacées aux métropoles, en passant par les réseaux sociaux.
Des cérémonies traditionnelles indiennes et des danses rituelles au coeur des centres commerciaux, pour sensibiliser le passant. Des petites silhouettes vêtues de gilets phosphorescents qui marchent le long des routes, avec quelques banderoles, dans le blanc de l’hiver canadien, puis dans la lumière du printemps. Ou des manifs toniques, au rythme des tambours, où l’on arbore plumes rouges et pattes d’ours. Et aussi des blocages d’autoroute et des grèves de la faim.
Du folklore ? Non, un vaste mouvement social qui commence à fédérer les Premières nations canadiennes. Soit un million de personnes (près de 4% de la population se déclarent autochtones ou amérindiennes).
Idle No More, « L’inertie, c’est fini », c’est tout cela, d’un océan à l’autre : un mouvement multiforme, non structuré, sans formulaires d’adhésion, ni salariés, ni assemblées générales.
Son objectif : empêcher le gouvernement ultra-conservateur canadien de détruire ressources et environnement, et combattre inégalités et discriminations. Le défi est d’ampleur.
Le mouvement a été fondé à l’automne 2012 par quatre femmes, dont deux autochtones, dans la province de la Saskatchewan, à l’ouest du Canada.
C’est encore une femme qui permet sa médiatisation et son entrée sur la scène publique : Theresa Spence, une cheffe de la réserve d’Attawapiskat (Ontario), qui mène un jeûne de six semaines dans un tipi à deux pas du Parlement d’Ottawa.
Theresa Spence s’était déjà illustrée, en 2011, en décrétant l’état d’urgence dans sa réserve devant l’insalubrité des abris, sans eau ni électricité, où des familles entières vivaient dans le froid.
Quand le Canada voulait « tuer l’indien en eux »
Une lutte en forme de revanche pour ces femmes des Premières nations, touchées de plein fouet par les inégalités.
Celles qui n’ont pas pu terminer leurs études subissent deux fois plus le chômage que les Canadiennes non autochtones (un taux de chômage respectif de 20,5 % contre 9,2 %).
Les femmes se déclarant des Premières nations, « Métisses » ou « Inuites » perçoivent des revenus 25% inférieurs à leurs concitoyennes. Tout en ayant plus souvent à charge leur famille.
Beaucoup sont victimes de violences domestiques dans les réserves, et d’assassinats dans les grandes villes de l’ouest du pays, où les plus défavorisées se prostituent.
En matière sociale, la liste de leurs revendications est donc longue : communautés vivant dans la misère malgré les subventions, alcoolisme extrême, dépressions, suicides au moins trois fois plus nombreux que dans le reste de la population...
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http://www.bastamag.net/article3063.html
Site de Idle no more :
http://idlenomore.ca/
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