Depuis Quartiers Libre le 2 janvier 2014
Rien de tel pour commencer l’année qu’un petit retour sur un mouvement révolutionnaire apparu il y a vingt ans les armes à la main dans les montagnes du sud-est mexicain. Le mouvement zapatiste du Chiapas est toujours riche d’enseignements pour nos propres luttes.
L’ALENA et la « fin de l’Histoire » ?
Tout se présentait bien pour le nouvel ordre mondial. Il y a vingt ans jour pour jour, le 1er janvier 1994, entrait en vigueur l’ALENA, Accord de Libre-Échange Nord-Américain, qui créait un paradis néo-libéral en abattant les barrières douanières entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.
C’était l’époque où on nous expliquait que l’Histoire était arrivée à son terme et qu’il n’y avait pas d’alternative au capitalisme triomphant.
Ce traité transformait de fait le Mexique en réserve de main-d’œuvre bon marché pour le capitalisme états-unien et accentuait sa dépendance vis-à-vis de son voisin du nord, mais les dirigeants mexicains –dont la suite a démontré qu’ils étaient ultra-corrompus– le présentèrent évidemment comme une grande chance pour leur pays.
La suite leur a donné raison d’ailleurs : l’homme le plus riche du monde est mexicain, et plusieurs de ses challengers à la course aux dollars le sont également Naturellement, les politiciens et autres financiers qui ont permis un tel « miracle » n’ont pas été oubliés dans le partage du butin…
Une poignée de milliardaires sur 100 millions d’habitants, beaucoup moins que tous les mexicains sans carte verte obligés d’aller vendre leur force de travail à Los Angeles, Chicago, New York ou Phœnix, dans des conditions de précarité comparables à celles que subissent en Europe les travailleurs sans-papiers.
¡Ya Basta ! L’insurrection zapatiste
Manque de chance, c’est précisément ce premier janvier 1994 que choisit un mouvement jusque-là inconnu, l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN en espagnol), pour déclencher une insurrection armée dans plusieurs villes de l’État du Chiapas, au sud-est du Mexique, un des États les plus pauvres du pays.
En quelques heures, Altamirano, Ocosingo, Las Margaritas et San Cristóbal de Las Casas notamment, tombent aux mains des colonnes zapatistes, composées dans leur écrasante majorité de paysans mayas, des peuples Chol, Tzeltal, Tzotzil et Tojolabal, qui déclarent la guerre au « mauvais gouvernement » national.
Il s’agissait d’une opération politico-militaire minutieusement préparée destinée à libérer des zones rurales en se réappropriant les terres afin de les rendre aux peuples indiens et, au-delà, d’inciter l’ensemble des Mexicains à s’opposer par tous les moyens à l’opération de pillage orchestrée depuis Mexico et Washington.
À l’époque, ce soulèvement armé surprend tout le monde, à commencer par les grands prêtres du libéralisme qui n’ont rien vu venir et qui assistent les yeux écarquillés à une opposition venue des couches les plus oubliées de la population, les plus méprisées et les plus pauvres.
Une opposition extrêmement organisée, puissante et combative.
Bien sûr, l’armée mexicaine put reprendre les villes passées sous contrôle de l’EZLN, mais les combats durèrent quand même douze jours et, surtout ces terroristes, ces pouilleux archaïques, pour reprendre le vocabulaire du pouvoir de l’époque, surent se replier en ordre dans les zones les plus montagneuses du Chiapas, où ils étaient comme des poissons dans l’eau.
Mieux, ils réussirent à mettre durablement en échec l’offensive militaire en gagnant la bataille politique.
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http://quartierslibres.wordpress.com/2014/01/02/zapata-vive-vingt-ans-de-lutte-et-dautonomie-indienne-au-chiapas/
Fil Info » O.P.A.