Depuis Owni
Le 13 septembre 2012 Pierre Alonso et Andréa Fradin
Une plateforme pour centraliser les écoutes, scruter le trafic Internet... Le projet entouré secret verra bientôt le jour. Non sans susciter des craintes sur les failles du système et l’utilisation de DPI.
Les documents confidentiels-défense que nous publions lèvent pour partie l’opacité sur ce Big Brother à la française.
Le projet est secret. “Confidentiel-Défense” s’affiche sur les en-têtes des documents. Pourtant, il concerne des millions de cas chaque année.
La Plateforme nationale d’interception judiciaire (“Pnij” de son petit nom) devrait voir le jour début 2013, sous l’égide du ministère de la Justice, après plus de six ans dans les cartons.
Jusqu’ici, “la plateforme”, a fait peu de vagues. Quelques articles, dont un hier dans Le Canard Enchaîné, mais rien de plus.
Son fonctionnement est décrit très précisément par l’appel d’offre, et en particulier dans le “Programme Fonctionnel Détaillé” du projet, daté de juin 2009 et classé confidentiel-défense, que nous avons obtenu et résumé (voir l’infographie ci-dessous).
L’objectif : concentrer en un même endroit, tenu (évidemment) secret, toutes les demandes de policiers, gendarmes et douaniers visant à surveiller ou consulter les communications téléphoniques ou électroniques d’un individu. Ainsi (évidemment) que les données résultant des écoutes, relevés de géolocalisation, suivi de navigation sur Internet – entre autres joyeusetés.
Aujourd’hui sous-traité au sein de plusieurs prestataires privés plus ou moins fiables, le traitement de ces réquisitions judiciaires sera centralisé dans un bâtiment du géant français de la défense Thales.
“Un tiers de confiance” choisi le 11 octobre 2010 pour “dématérialiser” et “simplifier” la procédure actuelle, peut-on lire dans le “Programme Fonctionnel Détaillé”.
Manière, arguent les défenseurs du projet, d’éviter une bonne fois pour toutes certaines dérives dans les écoutes judiciaires, qui profitent des failles du système actuel.
Mais face à ce monstre aux grandes oreilles, d’autres observateurs s’inquiètent au contraire de l’institutionnalisation d’un Big Brother à la française, susceptible de scruter à grande échelle les communications sur le territoire.
Au mépris de certaines libertés.
Lire la suite :
http://owni.fr/2012/09/13/secret-ecoutes-pnij-thales/
Fil Info » O.P.A.